Le plan d’actions du CHU de la Réunion ne convainc pas le Copermo

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Le plan d’actions du CHU de la Réunion ne convainc pas le Copermo
DOM-TOM

Le Département de la Réunion est en pleine saison cyclonique, et il semble bien que les vents mauvais soufflent aussi sur le CHU de l’Océan Indien. Le plan d’actions du CHU de la Réunion ne convainc pas le Copermo.

Depuis plusieurs mois les acteurs se préparaient à la réponse du Comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins (Copermo) : la direction de la structure hospitalière était allée présenter le 13 décembre 2016 un plan de retour à l’équilibre, destiné à pallier le déficit beaucoup plus important que prévu en 2016, de l’ordre de 26 millions d’euros.

Dans une note très explicite selon le JIR (Journal de l’Ile de la Réunion), « le Comité interministériel dresse un bilan inquiétant de la situation financière du Centre hospitalier et explique pourquoi il refuse de donner la subvention.

Dans un courrier du 11 janvier envoyé à l’Agence régional de santé par le Ministère des affaires sociales et de la Santé, le Copermo ne laisse guère de marge de manœuvre au CHU. «Des mesures complémentaires d’économie doivent être proposées à hauteur de 10 millions d’euros», détaille-t-il dans ses recommandations.

Le Copermo a en effet refusé d’accorder les aides espérées par la direction du CHU.

Dans son plan d’action présenté le 13 décembre dernier, celle-ci espérait une aide de 9,1 millions d’euros afin de limiter la suppression de postes au nombre de 190.

Lionel Calenge,directeur général du CHU a par conséquent, estimé que la nouvelle économie demandée se traduirait par la perte de 250 postes.

Pour quelles raisons le Copermo n’a-t-il pas accordé l’aide demandée par le CHU ? La réponse est aussi simple que sans appel : «Ces revalorisations ne peuvent être validées en l’état au regard des politiques actuelles de financement», a-t-il précisé dans son courrier du 11 janvier. Autrement dit, l’Etat n’a plus les moyens et demande aux hôpitaux de se débrouiller tout seul.

Le Copermo ne semble pas non plus totalement convaincu par les effets du plan de retour à l’équilibre. Entre les suppressions de poste et la fermeture de 75 lits, il estime que «les gains à ce stade sont théoriques». C’est notamment pour ça qu’il demande que «le plan d’action soit approfondi et mieux étayé» et qu’il n’a validé que partiellement le plan de retour à l’équilibre. Il souligne toutefois des «orientations pertinentes».

Le Copermo ne fait pas mystère de son inquiétude pour les hôpitaux de Saint-Pierre et Saint-Denis : «Le CHU de la Réunion a connu une dégradation récente importante de sa situation financière, n’ayant pas réussi à assimiler la fusion opérée en 2012 et en raison d’un accroissement important de ses dépenses de personnel», écrit-il.

Le comité s’inquiète beaucoup pour le nouveau bâtiment central de Saint-Pierre dont les travaux doivent commencer prochainement : «Le CHU n’a plus aujourd’hui la capacité d’autofinancement suffisante pour soutenir le projet de restructuration et d’extension du bâtiment principal de Sainte-Pierre», précise le Copermo qui s’étonne que ni le bâtiment de Saint-Pierre dont l’investissement s’élève à 109 millions d’euros, ni le bâtiment de soins critiques de Saint-Denis (69 millions d’euros), n’aient «fait l’objet d’une évaluation socio-économique préalable» ni même «d’une contre expertise indépendante contrairement à la réglementation en vigueur». Concernant ce dernier, selon des médecins, « celui-ci est surdimensionné. Le dernier étage, ne devrait même pas être utilisé. »

À ses yeux l’endettement pourrait devenir «critique au vu du programme d’investissement à réaliser» d’ici 2021. Le Copermo exige une adaptation du programme pour la mi-février. À partir de ce document, il étudiera la possibilité d’une aide exceptionnelle pour financer cet investissement. Il attend également du CHU «son plan d’action renforcé» pour le début du mois de mars. Or, les discussions sont pour l’instant au point mort avec les médecins*. Il demande enfin une évaluation des «surcoûts induits» par la prise en charge des patients venant de Mayotte qui représente l’une des sources de déficit du CHU.

D’autres questions sont également sur la table : la compensation des missions des médecins à Mayotte, l’indemnisation du CHU pour la formation des internes…

Le Copermo exige que «les mesures portant sur la mise en adéquation des effectifs médicaux et non médicaux à l’activité réelle soient réalisées sans délai».

Le premier plan d’action a déjà dressé les grandes lignes du futur fonctionnement de l’hôpital. Comme c’est déjà le cas en métropole, le CHU va prendre «le virage ambulatoire».

A la Réunion comme en Martinique et ailleurs, les CHU sont en difficultés en terme d’organisation, d’anticipation : lors de leur visite la semaine dernière au CHU de Fort de France, Mr Valletoux, Président de la FHF et sa délégation ont constaté « au nouveau service des Urgences, installé dans ses locaux tout neufs, recevant 48000 passages/an, mais un manque cruel de médecins« …

*Les médecins estiment avoir déjà épuisé toutes les marges de manœuvre possibles : «La Réunion est touchée par une véritable explosion des «maladies du siècle» que sont les maladies chroniques» comme les insuffisances cardiaques, l’asthme, le diabète, l’obésité, l’hypertension ou encore l’insuffisance rénale, a révélé un rapport sénatorial en octobre dernier. «Il faut savoir ce que l’on veut, explique un médecin. Est-ce que l’on répond aux spécificités de la Réunion où est ce que l’on repense notre organisation uniquement pour plaire au Copermo ?».