Descriptif du déroulement d’un projet hospitalier privé : Les études

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Descriptif du deroulement d’un projet hospitalier prive : les etudes

Il arrive que cette phase essentielle du projet soit lancée sans que la réflexion et les mises au point préliminaires de définition de son contenu médical et fonctionnel aient été clairement arrêtées. Cela correspond généralement à l’impatience de l’investisseur, mais beaucoup plus souvent au fait que ces démarches sont méconnues, particulièrement dans les pays du Maghreb et d’Afrique. Les investisseurs en possèdent rarement l’expérience et les compétences locales n’existent pas.

Cette approche sera lourde de conséquences au cours des études, car l’absence de réflexion préliminaire conduira inévitablement à des modifications d’orientation et de dimensionnement du projet. Les temps d’étude supplémentaires qui en découleront pénaliseront les intervenants, retarderont les études et globalement, nuiront à la qualité du projet qui, de ce fait, risquera de perdre sa cohérence initiale. Il est à souhaiter dans ce cas, malheureusement assez fréquent, que la période d’incertitude s’arrête aux études et ne se prolonge pas durant le chantier, ce qui n’est pas exceptionnel.

Les conséquences financières peuvent être lourdes, de l’ordre de 50% du montant initialement prévu, avec des difficultés bancaires et d’importants retards sur les délais prévus dans le plan de financement. Il n’est pas exceptionnel qu’un investisseur soit amené à commencer le remboursement de ses emprunts alors que le bâtiment n’est pas encore achevé. S’ajoutent à cela les pertes considérables que représente la perte d’activité correspondant au retard de mise en service du bâtiment.

Il est parfaitement possible d’échapper à ces difficultés si la gestion du projet est rigoureuse, assurée par des intervenants compétents et expérimentés. Dans ce cadre, le cheminement naturel des études est le suivant :

1/ L’ESQUISSE

Permet aux architectes de définir, à partir d’un programme, des volumes généraux, la silhouette d’un bâtiment, son inscription dans son environnement et les grandes options de circulation interne et externe et l’aménagement des volumes intérieurs. Le programme a normalement dû intégrer les contraintes d’urbanisme, de voirie, de drainage, les particularités du site. Si ce n’est pas le cas, elles doivent l’être au cours de la préparation de l’esquisse.

A cette étape, l’équipe de maîtrise d’œuvre doit se constituer autour de l’architecte pour être en mesure d’attaquer efficacement les phases suivantes. La situation idéale est de regrouper des intervenants techniques habitués à travailler ensemble et qui possèdent une expérience des projets hospitaliers.

2/ L’APS OU AVANT-PROJET SOMMAIRE

Précise le parti architectural retenu et définit les fonctionnalités détaillées de chaque secteur de l’établissement sur la base des prescriptions du programme. Il Intègre également les grands principes techniques imposés dans un bâtiment hospitalier : sécurité incendie, passage des gaines techniques principales, positionnement de la production d’énergie, des centrales de traitement d’air, du chauffage, du fonctionnement général de la logistique, en particulier des accès.

A ce niveau, une équipe de maitrise d’œuvre doit être définitivement constituée. Elle comporte les bureaux d’études structure, CVC, fluides et réseaux et le bureau de contrôle qui valide les propositions concernant la sécurité incendie, le désenfumage, la circulation des réseaux, les implantations des sources d’énergie etc.

Il s’agit ici de structurer le bâtiment et de mettre en place définitivement les points durs autour desquels va s’articuler le développement des études ultérieures.

Cette phase aboutit à un projet précis pour chaque secteur, arrêté dans ses principes et à une première approche documentée en matière de budget.

La compétence hospitalière évoquée précédemment présente une réelle importance, car à partir de cette phase, les ingénieurs prennent le pouvoir et la technique s’impose, parfois au détriment des objectifs recherchés initialement en termes d’ergonomie et de fonctionnalité des services. Ce n’est généralement pas volontaire, mais chacun traite ses priorités en fonction des contraintes qu’il rencontre. Il ne peut intégrer dans sa réflexion les composantes spécifiques au fonctionnement ou aux risques hospitaliers s’il n’en possède pas l’expérience.

Dans le même temps doit être menée une étude sur les équipements lourds afin que soient connues les contraintes correspondantes, de charge au sol, de puissance consommée, de dissipation thermique et de traitement d’eau.

Cette phase permet de constituer le dossier de dépôt du permis de construire et de demande d’autorisation, conformément à la réglementation locale.

3/ L’APD OU AVANT-PROJET DETAILLE

Cette phase précise et détaille les options proposées au cours de l’APS. Elle permet de progresser vers un projet définitif où sont prises en compte les multiples données techniques découlant des choix retenus en termes de ventilation des locaux, de traitement d’air des secteurs à risque, de réseaux de distribution d’eau, intégrant la sectorisation nécessaire au traitement du risque de contamination par Légionelle, et la production d’eau technique.

Au plan électrique sont définis les circuits secourus, ondulés, basse tension, les réseaux de distribution des données, les systèmes de surveillance, de téléphonie et d’appel infirmier. Egalement l’aspect très important du choix et du positionnement des éclairages.

La multiplication des réseaux dans les circulations amène à mettre en place une cellule de synthèse qui regroupe toutes les informations produites par les différents ingénieurs et vérifie que les cheminements proposés dans les faux plafonds sont compatibles avec la hauteur définie des circulations et l’implantation des éclairages encastrés. Si des extensions sont envisagées dans le projet, il convient de prévoir l’espace suffisant pour faire passer ultérieurement les réseaux supplémentaires.

Des plans détaillés à grande échelle des aménagements de chambre, de salle d’opération, de salle de réveil, de réanimation, permettent de traiter toutes les questions techniques et de rationaliser les positionnements. Parallèlement sont intégrées les contraintes correspondant aux équipements lourds, dont le choix doit être arrêté préalablement pour que les fournisseurs puissent participer aux études et anticiper les difficultés qui ne manqueront pas de se présenter sur le chantier.

Il n’est pas rare, notamment dans les projets publics, que les équipements soient choisis en fin de travaux, ce qui entraine des surcoûts importants et des retards de livraison du bâtiment.

A ce niveau, doit intervenir un économiste, technicien spécialiste de l’évaluation du coût des travaux envisagés. Son rôle est important car il procure à la maîtrise d’ouvrage les informations financières qui lui permettent de connaitre assez précisément le budget de réalisation du projet et d’évaluer éventuellement l’impact de ses choix. Un projet est lancé sur la base de ressources financières définies, généralement encadrées par des apports personnels et des contributions bancaires sur lesquels il est difficile et coûteux de revenir en cours de réalisation. Connaitre l’évolution du budget à toutes les phases des études est essentiel.

Le budget des équipements n’est généralement pas intégré dans cette enveloppe, car son financement peut être assuré par d’autres biais, leasing notamment.

4/ LA PHASE PRO

Cette phase précise et détaille pour chaque corps d’état les plans et schémas définis dans l’APD ainsi que les prescriptions techniques détaillées qui seront appliquées au cours de la réalisation.

Tous les détails techniques nécessaires aux entreprises sont définis par chaque intervenant de la maitrise d’œuvre, avec validation régulière par le bureau de contrôle. Ces prescriptions sont détaillées sur des plans par corps d’état, des détails architecturaux et des descriptifs techniques pour chaque corps de métier.

La compétence hospitalière évoquée pour la phase APS est plus que jamais nécessaire dans ces étapes APD et PRO des études, les plus importantes, car elles définissent les détails de la réalisation, les équipements, notamment sanitaires, le type de portes, le positionnement des commandes d’ouverture, le type exact d’éclairage, les détails de pose, les détails d’aménagement des chambres, l’organisation des postes de soins et les aménagements mobiliers correspondants, de même pour les salles de réveil, de réanimation, les salles d’opération.

Aucun des intervenants de la maîtrise d’œuvre n’a vécu au quotidien dans ces locaux et beaucoup de détails peuvent leur échapper. Les intégrer ne coûte rien de plus, mais procure ensuite aux professionnels soignants un outil mieux adapté.

La principale difficulté rencontrée dans les projets maghrébins est que les architectes font souvent l’impasse des études techniques approfondies et s’appuient surtout sur les entreprises. Cela peut à la rigueur se comprendre pour la réalisation d’une villa, pas dans le cas d’une structure hospitalière dont le niveau de complexité est considérablement plus élevé. De multiples défaillances et inadaptations en découlent, avec une absence totale de contrôle des coûts et des rémunérations parallèles.

Au plan des études, lorsqu’un bureau d’études technique intervient sur le projet, la démarche est parfois la même et les études se limitent à la définition des principes techniques sans entrer dans les détails des spécifications correspondant à chaque lot. Encore une fois, cela laisse la place aux imprécisions et aux dérives.

5/ LE DCE OU DOSSIER DE CONSULTATION DES ENTREPRISES

Pour chaque lot technique ou architectural sont rédigés par l’économiste des bordereaux quantitatifs qui permettront aux entreprises de répondre sur des bases comparables, même si chacune a la liberté de proposer des options.

La base technique de la consultation est constituée des plans et cahiers des charges précis définis au cours des études et validées par le bureau de contrôle et lorsque c’est possible, par un expert hospitalier.

Peut alors être lancée une consultation des entreprises, première étape d’une autre aventure, la réalisation du projet.

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