« Vous enrichir des réflexions et de l’expérience de tous les acteurs de la conception au-delà même de nos frontières » : c’était la promesse du mot du Président de l’UAFS, Gérard Huet dans le programme remis aux 250 congressistes réunis à Menton du 28 au 30 octobre derniers, pour les Journées de l’Architecture en Santé.
Partenaire media de l’événement, nous avons assisté à ces Journées et à plusieurs des nombreuses conférences, mais pas à toutes, à notre grand regret. Il est laborieux de sélectionner et retranscrire en un seul article ce qui a été dit : aussi nous avons procédé à une première sélection.
Après l'ouverture officielle par Gérard Huet, puis le discours du Maire de Menton, l’entame faite par David Entibi, Directeur général du Congrès, a posé le décor :
« En France, nous n’avons pas de recherche autour de l’architecture en santé, on n’enseigne pas l’architecture hospitalière. Seule une école d’architecture, celle de Montpellier a mené une formation au titre de l’architecture, du territoire, de la santé. Alors que dans certains pays comme les Etats-Unis, cet enseignement existe depuis 50 ans, et a « produit » un certain nombre de grands noms d’architecte, déployés dans le monde entier : c’est assez impressionnant et cela fait envie aussi. Aux USA, ou au Japon, l’architecture hospitalière est entrée dans les universités : ce qui lui donne une toute autre dimension, car tous les acteurs sont présents. Il ne s’agit pas de clubs : c’est ouvert sur tous les professionnels qui réfléchissent avec les concepteurs. C’est aussi le fonctionnement de l’UAFS.
En France, les futurs Directeurs d’hôpitaux en formation ne bénéficient pas de contenus suffisants sur l’architecture : pourtant, ils vont diriger des projets en cours, en créer.
Tous les pays d’Europe, de la francophonie peuvent se joindre à nous pour faire de la recherche, pour rendre plus efficients les débats sur l’architecture en santé ».
Territoire et Santé : L’hôpital est-il encore un lieu unique ?
Rarement l'histoire des hôpitaux s'est intéressée de près à son implantation dans la ville et décrit son rapport à son territoire, si ce n’est sous l’angle quantitatif du positionnement dans les « bassins de population ». Aujourd’hui, une nouvelle voie s’ouvre aux architectes de la santé, pour défricher et décliner le rapport que l’hôpital entretient à son environnement.
L’hôpital puise ses ressources dans la ville : un phénomène d’osmose et de porosité, dans lequel ville et hôpital s’influencent réciproquement. Le projet du CHU de Nantes a été le support d’illustration de ce changement de paradigme.
Suite de réponse à travers la courte intervention de Catherine Cecchi, Géographe de la santé, enseignant ENSAM : « Comment on fait pour bien manger, bien bouger, bien guérir, bien soigner ? Quand on aura mis ensemble tous ces items, on pourra proposer des lieux de soins adaptés. L’hôpital en centre-ville (Cf Narbonne) est condamné à réussir son adaptation et son évolution. ».
Emmanuelle Ladet – Crédit photo : Hospihub
« La santé c’est aussi du médico-social » Prenant le micro, Emmanuelle Ladet, Architecte, a poursuivi la réflexion en s’appuyant sur un projet à l’échelle d’une ville (le Havre), qui illustrait comment les logiques d’aménagement du territoire peuvent s’avérer excluantes ou inclusives selon le point de vue que l’on adopte.
Pour une formation à l’architecture en santé
La commission UAFS dédiée à la formation, a fait le constat de la difficulté de construire un projet architectural de qualité au service du projet médical et du projet d’établissement, et celui des conditions d’accès à la commande et les procédures qui laissent peu de place à l’innovation et au dialogue.
Elle se donne comme objectif de construire des projets fonctionnels, esthétiques et agréables à vivre dans un budget maîtrisé qui soit le fruit du dialogue avec les utilisateurs et la réponse à leurs besoins.
Son pari est de mieux se connaître pour mieux concevoir et construire ensemble, par des actions de sensibilisation et formation. Et également d’accompagner la réalisation des projets de santé par une implication plus large, en amont et en aval du projet. Partager ce qui fait l’essence du métier d’architecte, en trois cycles
Cycle A : Mieux travailler avec les architectes
- Comprendre le métier d’architecte
- Co-élaborer un projet de santé
- Appropriation, perception et retours d’expérience
Cycle B : Architecture pour la santé/ Architecture pour le bien-être
- L’architecture au service des lieux de soins
- Les composants d’une architecture favorable au bien-être
Cycle C : L’architecture hospitalière en France et à l’étranger
- Histoire de l’architecture hospitalière en France
- Hôpital et territoire
- Architecture hospitalière dans le monde
« Nous avons imaginé que par le biais de la formation et des actions de sensibilisation, nous allions pouvoir créer les conditions d’un dialogue qui allait permettre d’établir les bases d’une culture commune, d’une culture partagée entre le monde médical et le monde architectural, qui parlent parfois deux langues différentes. Il fallait travailler en dehors du cadre d’un projet, à cette culture commune. Ce sont des prémices, qui peuvent être sollicités par les établissements de santé pour accompagner leurs projets. » a souligné Agathe Desmesure, architecte et Responsable de la commission.
Crédit photo : Hospihub
Notre équipe a été particulièrement intéressée par cette conférence, car le concept de « mieux se connaître pour mieux concevoir et construire ensemble » est aussi celui qui a amené HOSPIHUB à produire et éditer en septembre 2018 l’ouvrage «Comprendre et concevoir le bloc opératoire», par Patrick Breack*.
Aussi, il nous a paru évident de questionner la commission Formation et Enseignement , sur le fait que s’il pouvait être intéressant pour les maîtres d’ouvrage de mieux comprendre le métier d’architecte, il était peut-être aussi primordial pour les concepteurs de mieux comprendre l’hôpital et ses utilisateurs : « Sans doute, vous avez raison, et il s’agit là d’une autre partie de notre réflexion : nous, architectes et concepteurs, devons aussi étudier comment acquérir cette culture hospitalière. Nous n’en avons pas parlé en conférence, mais nos travaux se poursuivent sur ce point, et nous espérons bien proposer des solutions complémentaires » nous a répondu Agathe Desmesure ce mardi.
Réponse qu’il nous semblait indispensable pour clore ce premier article.
N.B. D’autres publications sont en cours de rédaction concernant cette première édition des JAS.
*Patrick Breack, expert en conception, programmation et hygiène hospitalières, a exercé longuement dans de grands hôpitaux et a consacré 30 années à observer les dysfonctionnements du bloc opératoire dans le cadre de l’analyse des causes d’infections nosocomiales, tout en accompagnant les maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre sur plus de 200 projets en France et dans les pays en développement. Son expérience antérieure d’ingénieur dans le bâtiment lui est précieuse. Expert rédacteur pour Hospihub, Il intervient aujourd'hui comme conseil au sein de KSP santé.
DANS LA MÊME CATEGORIE
-
France Formation exclusive sur la conception des blocs opératoires - Inscriptions ouvertes !
-
France Le salon Texcare France revient en 2025
-
France SantExpo 2024 : c'est parti pour 3 jours de salon au coeur de la santé et du médico-social
-
France Pari tenu pour la première édition du salon Texcare France
Ajouter un commentaire