Comprendre le bras de fer entre le ministre de la santé et l’hospitalisation privée

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Comprendre le bras de fer entre le ministre de la santé et l’hospitalisation privée
Maroc
Crédit : l'économiste

Pendant l'ultime réunion avec le ministre la veille au soir du mouvement de grève du 28/09/2017, les acteurs de la santé marocaine n'ont pu que constater l'impossible avancée sur leurs revendications respectives.  Cf notre article.

Les médecins réclament un meilleur salaire, et la liberté légalement entérinée d’exercer dans le privé.

Pour sa part, le ministre El Houcine El Louardi demande des comptes aux médecins du secteur public, tentés par le secteur privé.

Le ministre avait indiqué fin aout 2017 que les "hôpitaux et centres de santé publics risquent d'être désertés de leurs cadres soignants". Pour lui, les cliniques privées tentent de débaucher les médecins du secteur public.

Le ministre avait reconnu par ailleurs, auprès du journal Assabah, qu’il n’a pas appliqué la loi en ce qui concerne les médecins ayant « déserté» leurs postes dans le public. Il a précisé, en revanche, avoir envoyé leur dossier au ministère des Finances afin de calculer le reliquat des dédommagements dus par les médecins qui ne sont pas arrivés au bout des 8 années réglementaires dans les hôpitaux publics. Ce reliquat devrait s’ajouter au coût de la formation de ces médecins. Mr El Louardi souligne ainsi que c’est l’État qui couvre la charge financière élevée de la formation des médecins et que seules 8 années d’exercice peuvent la compenser.

Le ministre a également déclaré à cette occasion qu’il avait effectivement refusé plusieurs démissions de médecins. Pour rappel, la loi donne le droit au département de la Santé de refuser des démissions afin d'assurer aux hôpitaux toutes les ressources nécessaires à la prise en charge des malades.

Les médecins : seigneurs de la santé au Maroc

Ainsi la situation se complexifie : il n’est permis qu’aux seuls médecins de nationalité marocaine, ou bi-nationaux, d’exercer au Maroc. Le déficit de médecins par rapport aux besoins de la population reste important. De nombreux projets tant d’hôpitaux publics que de cliniques privées y sont à l’étude, en cours de réalisation ou ont été récemment livrés. Les médecins sont plus que jamais les « faiseurs de projets hospitaliers » et s’assurer de leur collaboration effective et durable pendant le projet et après l’ouverture d’un établissement de soins relève d’une stratégie délicate à anticiper bien en amont par les investisseurs.